Virabhadrasana II
Vīra : héros / Bhadra : ami
référence bibliographique pour virabhadrasana 2:
# 8 Photo 15, page 58 ( « Lumière sur le Yoga ». BKS Iyengar. Buchet/Chastel ). # 8 Photo 15, page 92 ( « Bible du Yoga ». BKS Iyengar. J’ai lu/Flammarion ).
Héros des épopées antiques, dont l’histoire est relatée par Kālidāsa dans « Kumāra Saṁbhava » ( la naissance de Kumāra, Seigneur de la guerre (1)) Vīrabhadra est une émanation du dieu Śiva. Virabhadrasana 2 est communément appelé la posture du guerrier.
Les trois Virabhadrasana (I, II et III)
renvoient à l’amour entre Śiva et la princesse Satī, image de la Mère divine, fille du roi Dakṣa, lui-même fils de Brahma. Sati (de la racine« Sat », « vérité », que l’on retrouve dans le « Satya » cher à Patanjali ) et Śiva partagèrent des éons durant un état de communion intense. Le roi Daksha quant à lui n’avait jamais accepté comme gendre cet ermite si peu orthodoxe qui fréquentait les champs de crémation. Il ne pouvait reconnaître comme digne du rang de sa famille royale ce Yogi aux longs cheveux tressés, dansant et chantant quand bon lui semblait, et qui s’adonnait à des rites bien peu canoniques. Il en avait même pris ses distances avec la princesse Satī.
Le roi s’apprêtait à célébrer un Yagna, ou grand sacrifice rituel, auquel il avait invité tous les membres de la famille, les alliés, les dieux, les sages ainsi que les sujets du royaume. Mais il avait omis d’y inviter sa fille ainsi que Śiva son époux. Il fit même ériger une grande statue de Śiva devant laquelle il défilait tout en se moquant de lui. La princesse Satī passa outre la non- invitation, et rendue sur le lieux du sacrifice, dut affronter les railleries de son père : » Peut-être es-tu enfin revenue à la raison et en as-tu assez de cet animal sauvage ? Ne répond -il pas au titre de » Seigneur des créatures(2)» ? Humiliée, Satī déclara qu’elle ne voulait plus être associée à son père, ni à son propre corps qu’elle lui devait. Elle s’assit, les yeux fermés, et s’immergea dans une méditation profonde sur la vision de Śiva son dieu véritable. Elle poussa sa transe mystique et yogique au point de s’embraser dans un feu dévastateur(4).
À cette terrible nouvelle Śiva tira un cheveu de son chignon pour le jeter au sol et faire apparaître le héros Vīrabhadra ( Vīra – héros + Bhadra – ami ), qui mit en déroute les armées du roi Dakṣa, le décapita et détruisit son sacrifice. Une fois sa colère apaisée, devant le terrible carnage perpétré par Vīrabhadra, Śiva s’éprit de compassion. Il rendit la vie à Daksha, et remplaça sa tête perdue par une tête de bouc ( signe de l’anéantissement de son ego ). Daksha, reconnaissant, lui donna le titre de Shankar: « celui qui est plein de bienveillance ».
Satī n’en était pas moins décédée. Ivre de douleur, Śiva rassembla ce qui restait de son corps et arpenta univers, continents et montagnes sans trouver d’apaisement. Les dieux impuissants à le consoler en appelèrent à Vishnu qui usa de son Sudarshana Chakra(3) pour couper le corps sans vie de Satī en 52 morceaux qui retombèrent sur la terre de l’Inde en des endroits différents, nommés Shakti Peethas, devenus autant de lieux de pèlerinage de l’hindouisme.
Śiva pleura tellement et pendant si longtemps, que ses larmes créèrent deux étangs sacrés – un à Pushkar, Ajmer, et l’autre à Ketaksha, qui signifie littéralement « pluie des yeux ». Śiva s’assit enfin à la source du Ganges, là même où bien longtemps auparavant il avait accepté de recevoir le fleuve Ganga sur son chignon, afin que l’impact de cette chute ( le Ganges est la Voie lactée descendue sur terre) ne détruise pas le monde.
Enfin dans une profonde méditation, il se souvint de qui il était, il se souvint de la Mère divine et du voeux sacré qu’ils avaient formulé de ne jamais se séparer, même si le corps physique n’était plus là, et qu’il était dans l’ordre des choses que tout passe et change, que le corps disparaisse et que la Mère divine reste dormante pendant un temps.
Elle reviendrait à lui, des éons plus tard en tant que Parvati, la fille des Himalayas pour recommencer une nouvelle histoire jusqu’à la fin des temps, comme il en avait été depuis le commencement des âges.
Notre Jules Verne national fit état du rite du « Sati » dans le tour du monde en 80 jours:
– Un sutty, monsieur Fogg, répondit le brigadier général, c’est un sacrifice humain, mais un sacrifice volontaire. Cette femme que vous venez de voir sera brûlée demain aux premières heures du jour. – Ah ! Les gueux ! S’écria Passepartout, qui ne put retenir ce cri d’indignation. – Et ce cadavre ? demanda Mr Fogg. – C’est celui du prince, son mari, répondit le guide… … in « Le tour du monde en 80 jours », Jules Verne.
Liens pour Virabhadrasana II
1/ http://www.sacred-texts. com/hin/sha/sha16.htm. 2/ ( Pashupati (पशुपति) désigne dans l’hindouisme le dieu Śiva, sous la forme du « Maître des créatures » ou du « Maître du troupeau ». Il est une des formes les plus anciennes de Śiva ). Les humains sont considérés comme le « bétail des dieux ». Alain Daniélou a repris cette appellation pour un recueil de contes, par ailleurs controversés ).https://fr.wikipedia.org/wiki/ Pashupati 2/ bis: http://www.mohenjodaro.net 3/ https://en.wikipedia.org/wiki/ Sudarshana_Chakra ) 4/ https://fr.wikipedia.org/wiki/ Sati –
John Schumacher Teaches Virabhadrasana II
-BKS Iyengar enseigne Virabhadrasana II